Ma mère, ma grand-mère et leurs ancêtres sont originaires du Berry dans le Val de Loire. Ma mère et ma grand-mère sont plus exactement nées à Assay, petit hameau rattaché à la commune de Beaulieu-sur-Loire.
De nombreux membres de ma famille maternelle y vivent encore.
Il y a deux ou trois semaines, nous avons fait une ballade jusqu’au bord de la Loire, comme nous en avons toujours fait depuis que je suis toute petite.
Je me souviens de ces années passées à Assay. J’y ai même séjourné dès l’âge de 6 mois, puis à l’âge de trois ans et enfin du CP au CE2. Même après ces longues périodes, j’y retournais chaque soir en revenant du collège, j’y dormais le week-end aussi souvent que possible et j’y passais la plupart de mes vacances scolaires jusqu’à mes 16 ans environ.
J’ai aujourd’hui 35 ans bien tapés et j’y vais tous les mois en moyenne.
Autant vous dire que je connais bien mon village, pourtant je le reconnais de moins en moins. Les haies sont peu à peu arrachées, les petits chemins engloutis dans les terrains pétris par les roues de tracteurs, les chênes coupés, arrachés.
Il y a deux ou trois semaines, nous avons fait une ballade jusqu’au bord de la Loire, comme nous en avons toujours fait depuis que je suis toute petite.
Je me souviens de ces années passées à Assay. J’y ai même séjourné dès l’âge de 6 mois, puis à l’âge de trois ans et enfin du CP au CE2. Même après ces longues périodes, j’y retournais chaque soir en revenant du collège, j’y dormais le week-end aussi souvent que possible et j’y passais la plupart de mes vacances scolaires jusqu’à mes 16 ans environ.
J’ai aujourd’hui 35 ans bien tapés et j’y vais tous les mois en moyenne.
Autant vous dire que je connais bien mon village, pourtant je le reconnais de moins en moins. Les haies sont peu à peu arrachées, les petits chemins engloutis dans les terrains pétris par les roues de tracteurs, les chênes coupés, arrachés.
Assay est une jeune femme digne et chaste que l’on met à nue sous les yeux de tous.
Il y a un château à Assay, le château des Stutt aussi propriétaires du château de Tracy. (Généalogie de la maison de Stutt : marquis de Solminiac, comtes d'Assay, marquis de Tracy…)
Je crois me souvenir qu’Henri Viard (écrivain) a longtemps vécu dans ce château comme locataire. Sa charmante compagne (ou épouse) nous laissait visiter les pièces. Mes camarades, ma cousine et moi aimions beaucoup ça et y retournions assez souvent. D’ailleurs je me demande comment elle faisait pour être aussi patiente avec nous. Nous étions effectivement toute une bande de petites pécores aux bottes crottées.
Nous passions notre temps à courir dans les champs, à grimper aux arbres, à jouer avec des chevreaux, des veaux dans les étables ou des petits lapins dans leurs clapiers. Un autre de nos jeux favoris : piétiner les bottes de foin dans les greniers, celles-là même qui devaient nourrir les bêtes tout l’hiver, pour en faire des cabanes. L’inconscience nous empêchait d’imaginer que ces cathédrales de paille pouvaient s’écrouler sur nos frêles dos. Nous avions entre 7 et 10 ans et nous faufilions sous des tunnels de meules sans aucune crainte.
Alors, lorsque Petit Pierre, légitimement excédé par nos bêtises nous chassait du bout de sa fourche, nous finissions par garer nos vélos près du pigeonnier et chargions le château pour annexer les lieux le temps d’une visite guidée par un sourire accueillant.
Aujourd’hui, c’est Henri Viard qui a été chassé à coups de fourche par le nouveau propriétaire du château (gendre de...). Le château est encerclé de taule ondulée verte et reste ainsi inaccessible, même au regard. Je suis même presque persuadée qu’il n’a pas été ouvert lors des journées du patrimoine.
Le château de mon enfance est balafré, séquestré dans ses propres remparts. Il n'a même plus le droit d'être vu de loin. Il porte la Bourka.
Le pire, c’est que de pauvres chevaux mal nourris et à la merci des intempéries dans un champ meurtrissent encore plus l’image de l’édifice.
Certes le châtelain ne possède pas ces animaux qui sont à des agriculteurs peu scrupuleux, sans aucun respect de la terre et du patrimoine. Ces hommes, dont je tairai le nom, détruisent les haies abritant les oiseaux et les rongeurs, construisent des hangars en taule, campent des mobiles homes au milieu des terrains, battent les animaux et insultent les passants. Le profit est leur seul credo, la mauvaise piquette coule dans leurs veines. Ils n’ont que faire des autres habitants du hameau, ils n’ont que faire de l’environnement.
Les promenades de mon enfance ont aujourd’hui un goût bien amer. Les chemins de terre sur lesquels les arbres nous faisaient la révérence sont devenus des routes de calcaire dépourvues de verdure. La nature foisonnante a cédé le terrain au décor tristement dépouillé d'une nouvelle époque ère que je ne comprends pas.
7 commentaires:
Je t'imagine très bien dans les cabanes en botte de foin!
Bisous de muchi muchi
Très beau texte marylaure.... on sent que ça te remue, tu t'es arrachée (pas la haie) là dessus!
J.
Bravo ma chérie !
Tu exprimes à merveille nos sentiments d'amour pour ce village à nous tous, ta famille issue d'Assay.
Les rustres (chatelain et cultivateurs) qui défigurent notre hameau sont autant à plaindre qu'à blamer. Ils sont malheureusement pour eux hermétiques au plaisir des yeux et à la sérénité que procure une simple promenade sur les chemins d'Assay.
Marie-Anne était l'épouse d'Henri et petite-fille du constructeur automobile de Dion-Bouton. Henri appelait le chateau "sa danseuse". Il avait obtenu un bail de location de 99 ans pour la somme de 1 franc symbolique mais en contrepartie, il s'engageait à restaurer le chateau.
Tous ses cachets de scénariste ou d'écrivain y passaient...
Mais il était heureux d'avoir réalisé son rêve de jeunesse : habiter un chateau.
TRiste nouvelle: Henri Viard nous a quitté mercredi 17 septembre au soir, épuisé par la maladie qui n'est aps étrangère au fait qu'il avait du quitter "son" château où j'avais moi-même passé tant de soirées formidables avec ses amis...
je suis profondément navrée qu'Henri Viard ne soit plus parmi nous.
Dommage que vous ne 'en disiez pas plus. Transmettez toutes mes condoléances à son épouse de ma part je vous prie.
Cette semaine aura donc été une semaine bien triste, en effet. J'ai aussi perdu mon petit chien Bidou qui apparaît ça et là sur ce blog. C'est un animal, certes, mais mes sentiments n'en restent pas moins ceux d'un humain.
Marie-Anne est la petite-file de Delamare Deboutteville non pas de Dion-Bouton. Henri est enterré aujourd'hui c'est mon troisième grand-père à disparaître, le second mari de Marie-Anne. L'exil loin de son château (c'était vraiment le sien) et la perte progressive de la vue ont été très dures pour lui. Je me souviens des journées merveilleuses que nous avons passées à Assay mes frères et soeurs et moi-même, notamment dans la "chambre jaune" où nous jouions avec les téléphones et la cour intérieure avec ses bancs de bois. Les douves... l'immense arbre généalogique qui remontait jusqu'à Odin (le dieu) et Marie-Anne allongée dans un transat. Tout ça est bien triste et c'est toute une époque qui me semble disparaître. Je transmets vos condoléances à Marie-Anne qui est bien malade elle aussi.
A.D.D.
Enregistrer un commentaire