20 septembre 2005

Paris la Défense en transit

Je ne redoute pas l’automne qui approche à grand pas.
Pourtant demain, déjà, le glas aura sonné. Les jours seront peu à peu amputés, la gangrène gagnera du terrain.
Dieu merci, le soleil lutte et nous fait encore don de ses quelques faveurs. Il a encore bonne mine, mais on sent bien que ses rayons ne soient plus aussi vigoureux. Il nous délaisse déjà pour une autre, ennuyés de nos petits tours. Il a fait la lumière sur chacun d’entre nous, notre peau lui est trop familière, notre musc lui donne la nausée. Il veut prendre le large et ne sait pas comment nous l’annoncer.
La Défense est cependant lumineuse et sent cette tendre odeur de cours d’école. Elle sent le matin frais, elle sent l’écorce qui s’épaissit, la feuille mature qui prépare sa chute. La Défense sent le béton qui se réveille, la brique se rafraîchit, le cuir neuf.
En revanche le métro sent moins la sueur et les pieds. Il sent le manteau neuf et l’haleine cafeïnée.
Je ne peux plus m’allonger sur la pelouse du parvis, mais je me console sur un banc, comme une écolière nostalgique et tout excitée par la nouvelle année scolaire. Je pense à mes amis de vacances et attends mes nouveaux camarades de classe.
En revanche, je redoute cet hiver humide et froid qui va s’abattre sur nos têtes, cet hiver plus noir que blanc qui rend Paris encore plus gris et la Défense encore sordide. Ses grandes tours ne s’élancent plus dans le bleu du ciel, mais elles se perdent dans le flou des nuages sordides et menaçants. Elles deviennent l’aire de jeux préférée des vents les plus glaciaux et des pluies les plus cinglantes.
Le RER devient une piscine boueuse dans laquelle les passagers se piétinent, se détestent ou s’ignorent. Les parapluies dégoulinent sur les jambières de pantalon, les manches de doudounes étouffent les voisins, les sacs humides filent les bas des voisines.
Il nous faudra vivre dans le noir et travailler dans le gris.

Aucun commentaire: